Après la mise à jour récente de sa cartographie du NewSpace français, Toulouse Space Team (TST) présente la position du NewSpace français dans le paysage européen qui compte plus de 220 entreprises.
La dynamique européenne
Depuis 2014, le développement du NewSpace européen connait une très forte accélération. Celle-ci est marquée par la création de nouvelles entreprises couvrant la totalité de la chaîne de valeur, accompagnée d’une augmentation inédite des levées de fonds. On est ainsi passé d’environ 100M€ de financements levés en 2014 pour une dizaine de deals à plus de 850M€ levés en 2021 par 60 entreprises. Si ces financements sont – grande nouveauté – majoritairement d’origine privée, via des fonds de capial-risque, ils sont accompagnés par la puissance publique. Ainsi, des dispositifs comme le fonds Cassini ou l’EIC accelerator ont créé des effets de levier très forts au cours de ces dernières années.
La France, leader européen
Sur les plus de 220 entreprises répertoriées, on retrouve sans surprise une forte concentration dans les puissances spatiales historiques de l’Europe. La France en est le leader avec 52 sociétés, suivie par le Royaume Uni (42), l’Allemagne (41), l’Italie (29) et l’Espagne (23). Si les autres pays sont moins actifs, on notera néanmoins la présence de champions nationaux : Aerospacelab en Belgique, Endurosat en Bulgarie, Clyde Space en Suède, Isis Space aux Pays-Bas, Nanoavionics en Lituanie, GOMSpace au Danemark, ou encore Astrocast et Cysec en Suisse.
Une politique volontariste de la France
On remarquera que le NewSpace ne s’est pas développé au même moment dans les différents pays du continent européen.
Ainsi, la France s’est « convertie » au NewSpace plus tardivement, probablement freinée par le poids de l’histoire. En effet la présence de champions mondiaux tels que TAS, Airbus ou Arianegroup, a développé une culture d’excellence et d’exigences qualité de très haut niveau, peu en ligne avec la logique NewSpace.
L’accélération et la progression constante du nombre d’entreprises créées, perceptibles depuis 2014 nous semblent liées aux raisons suivantes :
– une nouvelle politique de valorisation du modèle économique de l’entreprise basé sur la start-up. C’est le concept de start-up nation promu ces dernières années,
– la disponibilité de ressources financières importantes aussi bien publiques que privées
– plus récemment on note également le basculement des priorités du CNES vers le développement de ce secteur.
Un écosystème européen particulièrement dynamique
Plus de 220 entreprises européennes (incluant les pays issus de l’Union européenne et le Royaume-Uni) sont répertoriées, correspondant à notre définition du NewSpace (voir le bulletin #1).
S’il n’est pas surprenant de comptabiliser un grand nombre d’équipementiers, le nombre particulièrement important de fabricants de satellites, de lanceurs et d’opérateurs de constellations nous semble un marqueur particulièrement représentatif de la dynamique européenne. Nous avons ajouté les segments « Surveillance de l’espace » et « HAPS », qui nous semblent l’un et l’autre correspondre à de fortes dynamiques.
Toutefois, on peut raisonnablement anticiper de la consolidation à moyen terme, par exemple dans le secteur des mini lanceurs.
Une attractivité reconnue
Une dernière caractéristique remarquable du NewSpace Français est son attractivité pour les entreprises étrangères. En effet, plusieurs champions dans leur pays ont identifié la France comme vecteur de leur croissance.
Des sociétés comme Aerospacelab (BE), Endurosat (BU), GOMSpace (DK), Cysec (CH), Pangea Aerospace (ES), AIKO (IT) ou encore The Exploration Company (DE) ont ainsi choisi ces dernières années d’installer filiale ou succursale en France. Et cela sans compter les sociétés américaines qui ont opéré des choix similaires, comme Loft Orbital ou E-Space.
Ces entreprises affichent toutes une volonté de se développer au dela d’une simple représentation commerciale. L’avenir nous éclairera là-dessus.
Pour conclure, cette attractivité se concentre particulièrement en région toulousaine, dont la qualité de vie et les efforts des institutions locales au travers des agences d’attractivité savent séduire les nouveaux arrivants.
On peut noter à ce titre, les excellentes performances de Loft Orbital qui a intégré l’indice French Tech Next 40 des entreprises aux cotés d’une autre pépite toulousain, KINEIS, dans la French Tech 120 .
Plus fondamentalement, la Ville Rose présente une concentration sans équivalent en Europe de donneurs d’ordre (industriels comme institutionnels), d’expériences et de compétences qui contribuent à un écosystème d’opportunités (d’affaires, de recrutement, de levées de subventions, etc.) étroitement maillé.
Si la France est devenue le leader européen du NewSpace, nul doute que Toulouse en est la capitale.
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