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L’Espace : Nouvelle Arène Stratégique, Nouveaux Défis

L’importance du Secteur Spatial de Défense

L’actualité récente nous rappelle avec force l’importance cruciale du secteur spatial dans la défense. Des événements tels que le brouillage intensif du signal GPS en Europe de l’Est, l’usage de Starlink en Ukraine pour assurer les communications, et la surveillance des mouvements de troupes au sol à l’aide de l’imagerie montrent que les technologies spatiales sont devenues indispensables dans les conflits modernes. L’espace n’est plus une simple étendue lointaine, mais un champ de bataille potentiel, une arène où la puissance militaire se projette et se mesure.

Cette transformation, accélérée par les avancées technologiques, redéfinit la sécurité globale et impose une vigilance accrue. L’ombre de l’armement plane avec le développement d’armes ASAT, d’armes à énergie dirigée et de projets d’intercepteurs spatiaux, soulevant des questions cruciales sur la stabilité orbitale. L’espace amplifie les capacités dans tous les domaines : renseignement, navigation, communication, alerte précoce… Les concepts de mobilité spatiale et de frappe globale orbitale esquissent de futures stratégies potentiellement disruptives.

Acteurs Clés, Compétitions et Vulnérabilités

Les États-Unis, la Chine et la Russie dominent cet échiquier spatial, investissant massivement et développant des stratégies offensives et défensives. Des acteurs privés comme SpaceX, Lockheed Martin et Anduril Industries apportent une innovation et une agilité essentielles, rendant la compétition encore plus féroce. Toutefois, la France n’est pas en reste comme nous le verrons un peu plus loin.

Les actifs spatiaux civils et militaires sont vulnérables à des cyberattaques sophistiquées, capables de paralyser des systèmes vitaux. La prolifération des armes ASAT menace directement les satellites, créant, de plus, des débris spatiaux qui mettent en danger les opérations orbitales.  La gestion de ces débris est un défi majeur pour la pérennité de l’accès à l’espace.

Cadre Juridique, Éthique

Le Traité de l’Espace de 1967, pilier du droit spatial, peine à encadrer la militarisation croissante. La distinction entre utilisations « pacifiques » et militaires reste floue (à partir de quelle distance un satellite devient il menaçant ?), alimentant un débat éthique sur l’armement de l’espace et les risques d’une course incontrôlable..

Investissements et Collaboration

Le développement et le maintien de capacités spatiales militaires avancées exigent des investissements colossaux. Les contraintes budgétaires et la nécessité de prioriser face à des menaces terrestres persistantes posent des défis économiques majeurs, incitant à une collaboration accrue avec le secteur commercial.

Atouts de la France

Face à ces nouveaux enjeux et ces menaces croissantes, la France dispose d’atouts majeurs liés à la puissance de son industrie spatiale :

  • Une stratégie spatiale de Défense depuis 2019. Et la souveraineté est l’un des quatre axes prioritaires du Contrat d’Objectifs et de Performance du CNES (COP) 2024-2027.
  • Une structure de défense dédiée au spatial, le CDE (Commandement de l’Espace) créé en 2019, qui organise notamment depuis 2020 les exercices AsterX, uniques en Europe pour la qualification aux opérations spatiales militaires.
  • L’implication de la BITD spatiale (Base Industrielle et Technologique de Défense)
  • Des programmes spatiaux stratégiques comme Hélios, CSO, CERES, SYRACUSE, PRS GALILEO  réalisés en coopération avec le CNES. Les programmes les plus récents (YODA, TOUTATIS) marquent clairement le basculement d’une défense passive (blindage, redondance, observation, communication, collecte de données, …) vers une défense active ou le satellite agit (brouillage, contre mesures, évitement) pour répondre aux nouveaux enjeux.
  • Des dispositifs de support à l’innovation tant publics que privés qui se complètent, comme l’AID, le LISA (Laboratoire d’Innovation Spatiale des Armées)qui assure une veille sur les solutions civiles, le programme 191 du CNES dédié aux programmes duaux, piloté par le MINARM, les programmes RAPID de la DGA, le fonds innovation Défense Def’invest au capital de 25 startups et PME; les réseaux de Business Angels DefenseAngels et  Aerospaceangels. Le développement technologique (R&D) demeure un élément crucial.

Cette richesse s’accompagne toutefois d’une dispersion des financements publics et privés, peu efficace en période de diminution des budgets. Une consolidation s’avère nécessaire, notamment sur les segments des lanceurs et des équipements.

Le secteur privé n’est pas en reste ; une large majorité des acteurs identifiés par Toulouse Space Team sont actifs dans le domaine de la défense ainsi que l’illustre notre cartographie dédiée. Par ailleurs, le tissu spatial Français couvre l’ensemble de la chaine de la valeur, disposant ainsi de l’ensemble des compétences nécessaires à des projets spatiaux de défense.

Enjeux stratégiques, Nécessité d’une Collaboration Européenne

Il ne s’agit pas de courir après le modèle américain, mais de proposer une réponse européenne originale et adaptée.

Il fau également penser la concurrence pour obtenir des positions à l’international, plutôt qu’en intra européen.

Avec des budgets contraints et face à des investissements massifs aux États-Unis et en Chine, la France ne peut jouer seule le rôle de rempart européen face aux nouvelles menaces. Notre souveraineté se joue désormais au niveau du continent et les rôles doivent être partagés et coordonnés entre les 27 pour assurer notre défense, sur terre, sur mer, dans les airs et dans l’ultime frontière, l’espace.

 

Périmètre/mode d’emploi de la cartographie

La cartographie couvre les segments amont ou d’infrastructure : fabrication de satellites et de leurs sous-ensembles, fabrication de lanceurs, gestion des débris spatiaux. Elle intègre tous les acteurs aux activités duales (civiles et militaires) ou présentant des enjeux de souveraineté nationale. Les services à valeur ajoutée exploitant la donnée spatiale comme matière première ne sont pas inclus. 

Seules les entreprises ayant une existence légale en France (inscrites au RCS) sont mentionnées. Pour les entités binationales ou filiales de groupes étrangers, un drapeau accompagne le logo. La sélection repose sur la capacité technique à contribuer à la défense, indépendamment de toute considération de souveraineté. 

Ne sont considérées que les entreprises dont l’activité dans le spatial est majoritaire. Les sous-traitants généralistes, opérant de manière transversale dans plusieurs secteurs sans spécialisation spatiale, sont exclus. 

Les entreprises sont positionnées selon le centre de gravité de leur activité. Par exemple : 

  • Airbus, TAS et Hemeria fabriquent satellites et ballons (HAPS) ; 
  • U-Space conçoit des satellites et des segments de contrôle ; 
  • Loft Orbital exploite des satellites et fournit des services en orbite ; 
  • Exotrail fabrique des propulseurs et opère également en orbite.… 

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